Le suivi des populations de Glaréole à collier (Glareola pratincola) et la gestion et protection de leurs sites de nidification s’avèrent être un enjeu prioritaire au sein du site Natura 2000 « Camargue ». Habitant les milieux ouverts, en France, l’essentiel de la population se trouve en Camargue et ses environs, où elle peut y être observée d’avril à septembre. Les faibles effectifs présents dans le delta s’expliquent par un succès de reproduction qui dépend de conditions bien particulières. Ses principales menaces sont la prédation, le dérangement humain et la submersion des colonies. C’est dans ce cadre qu’un suivi de la population migratrice a été initié en 2000. Mené successivement par le Conservatoire d’Espaces Naturels de PACA et La Tour du Valat, il est, depuis 2017, financé en partie par le PNRC dans le cadre de l’animation du site Natura 2000 « Camargue ». L’objectif de ce suivi annuel vise à recenser les effectifs reproducteurs et d’évaluer le succès de reproduction.
L’année 2022 a été particulièrement remarquable comme le démontre les résultats. En effet, 130 couples ont été dénombrés, chiffre qui est le plus élevé depuis l’initiation du suivi et il est accompagné d’un succès reproducteur très bon (1,4 jeunes à l’envol / couple). De plus, 12 colonies ont pu être inventoriées, chiffre également plus élevé par rapport aux années précédentes. Il est envisagé que cette année exceptionnelle est le fruit d’une année très sèche qui a permis l’installation dans des marais asséchés qui n’ont pas été dérangés. De nombreux espaces protégés ont été utilisés ce qui a permis à la fois une absence de dérangement, et l’accès à la ressource grâce aux étangs mise en eau aux alentours. Cette année est déterminante car c’est une des rares années où le succès de reproduction observé contribue à la survie de l’espèce. En effet, d’après les travaux de Vincent-Martin (2007), la population française ne serait viable qu’au-dessus d’un seuil d’un jeune produit par couple. Ces suivis annuels mettent l’accent sur le besoin urgent de préserver les habitats de l’espèce, et en particulier ceux qui subissent de fortes pressions anthropiques.
Face à ces enjeux, il est important d’assurer la quiétude des sites, éviter les inondations et favoriser le pâturage tardif (jusqu’au mois de mai). Le dispositif Natura 2000 peut accompagner la mise en œuvre de ce type d’action par des aides financières (contrats Natura 2000, MAEC…).
Crédits photos : ©Y.Kayser