Un stage pour la conservation de la Glaréole à collier

La Glaréole à collier est une espèce protégée, classée « en danger » sur la liste rouge de l’UICN France. Cette espèce ne se reproduit aujourd’hui qu’en Camargue et ses alentours. La régression voire la disparition de l’espèce en France pourrait être un facteur aggravant l’état de santé de la population à l’échelle du bassin méditerranéen, déjà sur le déclin. La Camargue a donc une responsabilité forte pour la conservation de l’espèce en France, mais également pour garantir la préservation de l’espèce à plus large échelle.

Le suivi de la population reproductrice de Glaréole à collier a été initié en 2000 par le Conservatoire d’Espaces Naturels PACA. Il a été repris en 2011 par la Tour du Valat et permet aujourd’hui d’avoir des données sur la reproduction de l’espèce ces 20 dernières années. Ce suivi est aujourd’hui réalisé dans le cadre de l’animation du site Natura 2000 « Camargue » portée par le Parc naturel régional de Camargue.

Le travail réalisé cette année dans le cadre d’un stage co-encadré par le Parc naturel régional de Camargue et la Tour du Valat a permis d’étudier deux volets complémentaires à prendre en compte pour la conservation de l’espèce sur le territoire camarguais :

 -       Le choix des parcelles de nidification des colonies

Il a été montré que les Glaréoles choisissent préférentiellement une parcelle pour y nicher si des colonies étaient déjà installées dans le secteur l’année précédente et lorsque leur succès reproducteur y était élevé. Les Glaréoles semblent donc adapter leur choix de parcelles en fonction des conditions de reproduction qu’elles ont connu sur un secteur l’année précédente.

En revanche, ceci ne semble pas se vérifier lorsque les sites ont été occupés jusqu’à trois ans auparavant. Une analyse du succès reproducteur en fonction de la présence l’année précédente met en avant un déclin significatif du succès reproducteur après une année d’occupation sur un même secteur. Il se pourrait donc que les colonies, fidèles à un site un an après, soient peu fidèles aux secteurs de reproduction sur de longues périodes à cause d’une baisse de la qualité de reproduction sur ces sites. Cette baisse du succès de reproduction pourrait notamment s’expliquer par une spécialisation des prédateurs sur les sites occupés.

Les résultats montrent également que les colonies ont eu tendance à s’installer davantage sur des milieux de prairies-friches indépendamment de la fréquence de présence de ces milieux sur le territoire, et que cette tendance semble à la baisse au cours du temps. Si les installations des colonies sur les milieux de marais et sansouires semblent également à la baisse, on remarque par ailleurs une tendance positive au cours du temps de la fréquence d’installation des colonies sur les labours. Les sites labourés sont également ceux qui accueillent les plus grandes colonies en termes d’effectifs reproducteurs. Cela peut s’expliquer par la taille généralement importante de ces parcelles ou par une présence plus importante de micro habitats pour la construction des nids. Le résultat reste néanmoins à interpréter avec précaution du fait du risque de biais de détection existant (probabilité de détection des individus potentiellement plus importante sur ces grandes parcelles très ouvertes).

 -       La qualité de reproduction des colonies

Comme cela était prévisible, il a été montré que l’absence d’intervention humaine favorise significativement le succès reproducteur en comparaison de la présence de pâturage, travaux agricoles et mises en eau sur les parcelles de reproduction.

Parmi les types d’intervention analysés, les mises en eau à but agricole et cynégétique ont le plus fort effet négatif sur le succès reproducteur, du fait évident de l’inondation des nichées.

En revanche il n’a pas été observé de différence significative entre une absence d’intervention humaine et une mise en culture des parcelles sur le succès reproducteur des colonies. Ceci peut paraitre surprenant car l’espèce est adaptée pour nicher sur des milieux avec une faible hauteur de végétation et la mise en culture des labours entraine souvent un développement rapide de la végétation. Ce résultat pourrait en partie s’expliquer par des échecs partiels de semis observés sur certaines parcelles du territoire dus à des remontés de sel ou à d’autres aléas pédologiques et climatiques.

Concernant le pâturage, il est admis qu’il permet de maintenir une végétation rase et une abondance d’invertébrés coprophages favorables à l’espèce. En revanche, il pourrait aussi augmenter le risque de piétinement des nichées lorsqu’il est pratiqué durant la période de reproduction et en fonction de sa densité, ce qui pourrait expliquer la probabilité de succès de reproduction plus faible sur les parcelles pâturées par rapport aux parcelles sans intervention.

Enfin, il semblerait que le type d’occupation du sol importe peu dans la qualité de reproduction des colonies. Il n’a pas été montré de diminution du succès de reproduction sur les habitats agricoles par rapport aux habitats naturels, sans doute grâce à la présence de zones humides de qualité à proximité. Si la majorité des labours ont vocation à être mis en culture, les quelques labours gérés volontairement pour la reproduction de l’espèce et intégrés à l’étude pourraient également expliquer ce résultat.

Pour en savoir plus :

xabi_darthayette_rapport_de_stage_m1_glareole_a_collier.pdf

sciencesgestion_la_glareole_a_collier_en_camargue_fr.pdf